Fille d'un général coréen originaire de Jeju, Kang Seung Yoon, et d'un agent du Mossad appartenant à l'unité d'élite, Siham Shoshannah, Talia est née au cœur d'une journée chaude et ensoleillée au cœur de la ville symbole de paix, de foi et de prière: Jérusalem. On pourrait appeler ça de l'ironie, étant donné la guerre qui se produit à proximité de la ville et de ses barricades depuis plus de soixante ans. Dans ce monde de sagesse et de chaos réunis, il pleuvait des croyants et des bombes, ce qui rendit la petite fille extrêmement fébrile au moindre bruit fort, comme ceux des feux d'artifices et de l'orage.

Avec des parents tels que les siens, il lui était impossible d'avoir une vie normale, faire des bêtises, avoir des petits amis... Élevée dans la plus stricte des disciplines additionnée à une pratique de la religion juive firent que la petite Talia ne pouvait faire autrement que de dire oui à tout, rester à étudier pendant que d'autres jouaient, pratiquer les arts martiaux à forte dose tout en restant dans les meilleures de sa classe. Les résultats portèrent leurs fruits, car elle devint la meilleure de l'école anglaise de Jérusalem, elle devint ceinture noire de judo et de karaté à quinze ans seulement et se mit à parler langues couramment: l'anglais, le français, l'arabe, le coréen et le japonais. Toutefois, ces langues avaient été apprises seulement en théorie la plupart du temps, ce qui expliquait pourquoi elle parlait de façon soutenue même à son meilleur ami. En parlant d'amis... La petite fille n'en avait pas des masses, mais elle restait dans son monde, tranquillement. Elle était d'ailleurs très timide et avait du mal de sortir de son royaume enchanté pour venir aborder les autres.

Tout ce système de peur, d'acharnement et de droiture s'effondra lorsqu'elle eut quinze ans. Talia était avec ses parents dans une voiture pour aller à Beyrouth, mais elle n'arriva jamais jusqu'à la frontière libanaise. Une bombe explosa sur la route sans que personne ne sache pourquoi, mettant l'adolescente et ses parents dans un état critique. Ses deux parents mourut, mais elle survécut malgré beaucoup de séquelles... Sa jambe de rétablit au bout de cinq mois, un tendon de son poignet droit fut rendu inutilisable donc elle dut écrire de la main gauche à partir de ce jour. De plus, elle tenta de rééduquer son oreille droite aux sons, en vain. Elle est donc sourde du côté droit, et ses interlocuteurs doivent donc lui parler au niveau de l'oreille gauche pour qu'elle les entendent.

Durant deux années, elle resta à Jérusalem, sans ses parents, et commença la formation que sa mère avait toujours voulu qu'elle fasse: celle d'agent spécial au Mossad. Elle s'entraîna pendant des mois, tentant de devenir la meilleure des recrues. Un an et demi plus tard, elle devint une excellente agent, aussi bien au niveau théorique, c'est-à-dire qu'elle était capable de craquer des systèmes d'ordinateur aussi bien qu'en boxe et en combat rapproché. Étant donné qu'elle ne sentait presque plus rien de sa main droite, c'était fort utile pour boxer n'importe qui... Bien qu'elle ait touché l'héritage de son père, elle n'en dépensa pas un centime et préféra rester dans les dortoirs mis à disposition là-bas. Malgré l'entraînement de fer qu'on lui imposait, Talia ne rechignait pas, parce que finalement, cet entraînement était juste le prolongement de l'éducation qu'elle avait toujours eu. Un beau jour, elle le réveilla à cinq heures du matin en se demandant ce qu'elle voulait réellement; devenir un agent spécial et risquer sa vie à chaque instant comme sa mère, ou vivre une vie normale et tranquille en dehors de la paix devenue charnier qu'est Israël. Après de nombreux renseignements, elle se décida à aller dans le pays de son père, la Corée du Sud. Elle n'y avait jamais mis les pieds, mais avec ses connaissances de la langue, l'argent qu'elle avait eu et l'entrée son admission à l'université de Yonsei, elle décida de quitter ce pays qui l'avait hébergé pendant dix-huit ans et de partir vers un pays qu'elle pensait connaître.

Il lui fallut une semaine, beaucoup d'argent et et une sortie furtive des dortoirs – comme quoi, ce qu'on apprend au Mossad est très utile quand il s'agit d'aventures... - pour arriver à Séoul. Les premières semaines, Talia se demandait ce qu'elle fichait ici. Tout était trop grand, trop cher, démesuré. Avec la location de son appartement et ses frais universitaires, la moitié de son héritage était parti en fumée. Elle mit du temps avant s'habituer, mais avec le début de son année universitaire en sciences politiques – qui mieux qu'une israélienne s'y connait en sciences politiques? - et des rencontres qui se firent nombreuses, elle prit une routine qui devint vite automatique.

Tout ceci dura deux ans, jusqu'à ce qu'elle se décide de changer d'appartement. Elle trouva quelque chose de suffisamment grand pour qu'elle continue à s'entraîner aux arts martiaux mais pour ce faire, la jeune femme devait trouver un colocataire pour pouvoir payer les charges assez lourdes. Un de ses amis et camarades d'université se proposa et depuis, ils vivent à deux dans un duplex trop grand pour deux. Elle le connaissait comme pas très riche, donc elle lui demanda comment il avait fait pour trouver autant d'argent en si peu de temps. C'est alors qu'elle fut introduite au système de la Cupid's Heaven, et qu'elle se retrouva engagée en tant que traqueur-chercheur alors que son ami pensait à elle en tant que fakefriend. Toutefois, elle se révéla être une des meilleures employées qu'ils ont, et il lui arrivait de travailler main dans la main avec Tae Hwan, surtout quand ils devaient chercher de jeunes clients potentiels.