On se penche, on admire et puis, on découvre. Quoi au juste ? Que l’image est l’image de la nature et je suis comme elle. Simple fruit de gestation. Une femme, parmi tant. Je suis différente des autres et pourtant nous savons tous que nous ne sommes différent que du masque que nous portons. Le mien est blanc et scintillant. Il est uniforme et m’englobe tel une sphère parfaite. En son centre, un sourire. Large et noir. Il te réconforte. A mes côtés tu te sens en sécurité. Et je souris de plus belle, étalant ma clairvoyance devant tes yeux égarés. C’est si bon. Je ne suis que la progéniture banale issue de l'union de riches entrepreneurs, délaissé au profit de leur capital mondial, leur firme multinationale. Et on s’approche du miroir. Le masque devient translucide découvrant l’éclat à la banalité. Ils s’alignent de couleurs pacifique. Ils portent chances cependant ma mère, elle aimait perdre ses yeux dans leur profondeur. Mes cheveux étaient leur reflet et c’est pour cela qu’ils n'ont jamais changer de couleur. Elle m’aimait tant pour me préserver de cette banalité dont vous êtes tous victimes. Et j’ai grandis avec le regret de l'absence de mes parents sur mes épaules, frêle et stupide croyante de la ravissante créature que Dieu m’offrait. Je l’ai convoité, ô oui et le fruit m’a consumé jusqu’à la folie. J’étais si petite, fragile et menue. Dieu, mais qu'ai-je donc fais ?

Je pleure. Maman ; pourquoi suis-je si faible ? Alors que je ne me supporte plus, je repense à cette femme qui a souffert durant toute sa vie en me donnant naissance. C'est durant l'une de ses nombreuses nuits d'hiver, où la neige tombait à gros flocons que Deneve, ma mère, était lové dans son fauteuil à balançoire. Tourné face à la fenêtre, chantonnant une douce comptine, elle caressait son ventre volumineux caractéristique d'une jeune femme attendant un heureux événement. Visage serein et resplendissant, elle leva ses yeux perles et elle aperçu un magnifique rayon de Lune qui perça la noirceur de la nuit, éclairant ainsi la tombée de la neige. Frappée par ce contraste, la jeune femme souhaita une fille ténébreuse comme la lune, blanche comme la neige et belle comme la Lune. C'est ainsi que je naquis, moi Cassandre, un bambin qui ne demanda pas à naître, mais qui naquit dans un monde qui me comprenait pas. Frappée par la bise d'un soir d'hiver, j'ai poussé mon premier cri pendant une tempête de neige, soit dans d'atroces conditions. Jolie bébé, ma mère fut consternée lorsqu'elle me vit pour la première fois. Je ne correspondais pas du tout à sa volonté. En effet, je suis née blonde aux yeux bleus. Je n'étais pas comme elle l'avait prédit. La Lune l'avait-elle induit en erreur ? Malgré son incompréhension, elle me prit dans ses bras pour me réchauffer. Pourquoi ne m'en souviens-je donc pas ?

« L'enfance n'est pas l'époque qui va jusqu'à un certain âge -et, à cet âge certain- ; L'enfant abandonne ses occupations infantiles. L'enfance est le royaume où personne ne meurt. [Edna St Vincent Millay (1892-1950)].»

Mon enfance passa aussi rapidement qu'une plume s'échouant à la surface de l'eau ; dessinant des ondes circulaire venant troubler la planéité de l'eau en question. D'une banalité sans nom, malgré ma situation financière plus qu’oiseuse, je n'aimais pas me faire remarquer. Me fondre dans la masse, en priant que personne ne se détourne de son chemin en me croisant. C'est ce à quoi je m'étais efforcé durant toute ma adolescence de faire. Je sélectionnais mes amis, sans pour autant m'en créer d'autres qui ne serait que de vagues connaissances. Discrète jusqu'à mon obtention du diplôme, j'avais enfin la vie que je désirais. Une vie simple, calme et surtout banale. Je ne jouissais pas à qui « voulait le voir » de mon argent comme le demande l'étiquette d'une potentielle héritière de la fortune de ses parents. Hermétiquement fermé à cela, alors que je suis sortie d'une violente dispute avec mes parents, je l'ai vu.

« Oui, même si je l'avais, je serai tombé amoureuse de lui. »

La nuit, un étendu de territoire sombres dans lequel on marche en pressant le pas, dans l'espoir de fuir les tueurs de l'âme qui nous pourchassent. Minuit, l'heure où les carillons sonnent pour annoncer le coucher au petits enfants. L'heure où le marchand de sable passe avec son sable à effet somnifère. Ou encore l'heure où Morphée accueille à bras ouverts les détenteurs de rêves, les passagers de son navire des songes. J'errai dans les rues, sous la pluie. Les protestations des passants que je heurtais, je n'en avais que faire. Qu'étais-ce a coté de ce que je ressentais ? Ce malaise quasi perpétuel, auquel je n'arrivais à me détacher. Je suffoquais. Et là, je pouvais m'adonner à tout. Je dis bien tout, à en mourir. A croire que je n'avais pas eu mon comptes d'expériences mortifères, je me rendis dans un bar d'hôte, le repère secret de la CHA -chose que j'ignorais à l'époque- et un fakefriend vint à moi, me trouvant suffisamment à son goût. Complètement lessivé, je me suis laissé faire. Alors que je songeais déjà à la manière dont j'allais passer la soirée avec cet inconnu à qui j'allais donner mon corps, jamais je n'aurais pensé que cela fusse possible. Il était là, assis sous la lumière fébrile de la Lune, comme un prince dans les reliures des livres, si attirant et pourtant hors d'atteinte, il m'attendait depuis ma naissance. Mon âme sœur, mon Alexandre. N'acceptant pas le fait que je me donne ainsi à un inconnu autant que moi, il me sauva. Il n'hésita pas à lâcher sa cliente pour m'entraîner au loin. M'asseyant à ses côtés, il tourna ses yeux ambre vers moi en souriant radieusement, il déplaça ses doigts de façon à entrelacer ses doigts avec les miens. Je me concentrai. Il fallait que je dise quelque chose. D'une importance vitale. Très prudemment, si prudemment que ce geste-là fut décelable, je sortis mon bras droit de derrière mon dos et levai la main de son visage. Je m'interdis de songer à la couleur perle de ma peau sous les rayons de la nouvelle lune. Plantant mes yeux dans les siens, j'entendis ma propre voix pour la première fois :

- Merci.

Ce fut comme si je l'avais chanté. Le carillon de ma voix était semblable à une clochette. En réponse, il m'offrit le sourire le plus ravageur qui soit et que je voyais vraiment à présent.

« I dreamed I was missing ; You were so scared. »

J'ai rêvé que j'étais perdue au tréfonds de la foret.Alexandre avait si peur. Je tentais de fuir quelque chose d'atroce, et lui, de me sauver de cette chose. Mais lorsqu'il me retrouva, cette chose le tua.

« Yesterday I died ; Tomorrow's bleeding. »

Je l'aime. On aurait dit que j'étais prise au piège d'un cauchemar terrifiant, un de ceux où l'on est forcé de fuir, de courir jusqu’à ce que les poumons donnent l'impression d'exploser, sans que l'on réussisse pourtant à bouger assez vite. Je ne cavalais pas pour sauver ma peau mais quelque chose d'infiniment plus précieux. Ma propre survie ne pesait rien du tout à mes yeux, ce jour-là. Je savais réagir face à ce genre de tueurs -montres et ennemis-. Lorsqu'on aime son assassin, on n'a plus le choix, cependant. Car comment fuir et lutter si cela signifie blesser l'aimé ? Si la vie est la seule chose à lui donner, comment la lui refuser ? Quand on l'aime vraiment ? Car en échouant, je perdais tout désir d'exister. Et pourtant, je l'avais tué.

Par égoïsme, car je ne supportais plus de vivre caché, et malgré le fait que j'étais au courant de son métier de Fakefriend, je m'accrochais à lui. Et malgré mon désir de vivre officiellement avec lui, j'avais peur. Peur que notre différence nous éloigne. Mais je n'avais pas prévue qu'on découvre notre situation de couple. Il fut rétrogradé, et resta cependant à la CHA en tant que Love Coach, où il réussit à m'y trouver une place à ses côtés. Nous travaillons donc tous deux en équipe afin d'épauler les célibataires en détresse. Cela fait depuis un an que nous travaillons ensemble et nous sommes heureux.

Ah oui, il demanda aussi ma main, chose que j’acceptai. Et c'est avec amour, qu'il m'épousa et qu'on s’installa ensemble dans un appartement en Corée.!